24 mai, 2006

Je la connaissai depuis quelques temps
J'avais vu sa superbe lentement s'éffriter,
la mine décliner, le tein s'assombrir, les traits de la peau se marquer,
le soin de soi s'estomper aussi à mesure que l'estime s'étiolait
Il fallait la voir les premiers jours, pleine d'assurance, de bravaches,
la voix posée et sùre, les propos clairs et rapides, toute l'aide du monde n'était pas pour elle, forcément.
et pourtant..
Je ne sais ce qui fait le plus mal, la voir ainsi, ou comprendre que c'était inévitable.
Elle se cache, fuit les regards, vous apostrophe pour un rien pour comme si harenguer lui permettait de se discupler.
Cela n'était pourtant que trop évident, sa souffrance voyageait à ses côtés, sur ses épaules.
Et là elle n'en pouvait plus, un regard appuyé une question répétée "ça va ?" et elle s'était éffondrée
là, devant moi, une larme d'abord, un sanglot vainement étouffé et la digue à rompu, la misère s'est répandue :
détresse, rancoeur et colère tout se mélangeait à sa honte de ne plus être ce qu'elle avait cru inaltérable.
Je ne sais pas trop si elle m'entendait, je sais juste que j'éssayai de rendre l'angle de sa chute moins saillant.
La tête dans ses mains, le regard baissé, elle ramassa ensuite ses petites affaires, ferma son manteau et s'en alla
mes quelques mots n'avaient pas suffit, peut-être demain la soulageraient elle ?
Que cette vie soit autre chose que la plaie de ne pouvoir être un métier,
mais qu'elle comprenne que vivre n'est pas que travailler

5 commentaires:

Elvire a dit…

Ce sont des métiers très durs que les nôtres, c'est difficile de faire des boulots comme ça sans parfois y mettre un peu trop de soi. si tu n'y mets rien, ça ne marche pas non plus, c'est pas des boulots de robot, il faut toujours pouvoir donner ...alors c'est sur, mieux vaut avoir une vie en plus du boulot, sinon, tu te casses la gueule ... elle n'en reparlera peut-être pas Demain, tu sais, elle sera même peut-être en colère après toi parce qu'elle a parlé, mais ce n'est pas grave, c'était bien d'être là. et puis, si demain elle reparle, tu seras là.

Elvire a dit…

ps bête et méchant : smp ou actu pap ? demain, ce sera un collègue qui pleurera dans tes bras ...
hum, oui, je suis en rogne professionnelle ;-)

oyez a dit…

SMP...
les collègues ne pleurent pas devant moi soit ils rentrent chez eux le faire, soit ils se disent que ça n'est pas eux... On le ferais à nos gosses ?

Elvire a dit…

Non, on le ferait pas à nos gosses...quand j'arrive au centre aéré le mercredi, je traverse le parc en respirant bien fort les fleurs du moment et je souris. après, je les vois de loin, et tout va.

La notice a dit…

Beau votre texte, Oyez. Mais il y aurait du "par-delà-le-travail " qui serait douleur que je n'en serais pas surpris. Enfin, cela vous est trop intime pour que je fasse autre chose que de m'éclipser... Non sans vous avoir répété le plaisir de vous avoir lu...