31 janvier, 2008

Les Pins

Je n'ai pas pris de photo pourtant l'image est bien nette dans mon esprit.
la façade est défraîchie, les volets en bois sont délavés, l'equerrage en est devenu aléatoire.
La maison est vide depuis longtemps, la nature à combler le vide qu'elle a pu, le lière à galopé sur les murs et les marches, l'herbe a rempli les espaces séparant les dalles de la cour, la rouille a peint les barreaux au dessus du mur recouvert de mousse et pourtant je reste sur ce banc à l'observer.
Je suis déjà venu ici, j'avais oublié mais je me souviens désormais du vent froid qui fouette à nouveau ma joue droite et du soleil qui réchauffe sa voisine, forcément mes yeux pleurent un peu et mon esprit divague encore à imaginer ceux qui vivaient là. Il y avait surement des enfants au fond du jardin pour honorer cette balancoire donc les bras ne bercent plus que le vent, au sol il reste quelques cases d'une marelle bien usée, les troncs d'arbre portent des stigmates de leurs messages d'adolescent....
Viennent ils encore ici pour se rappeler ceux qui ont été ? peut être suis je le seul à porter cette mémoire qui n'est pas la mienne mais en tendant l'oreille, je jurerais d'entendre leurs cris sous le regard de leurs aînes, les bras posés sur le rebord de la fenètre et l'air serein, occupés à apprécier ce moment.
Dans le jardin je n'ai pas vu de pin...encore des rêveurs... à trop vouloir y croire, j'espère juste qu'ils n'ont pas oubliés d'être.

20 janvier, 2008

ne sauvez pas ma peau


Je me souviens encore de la rugueur de sa peau.

Les yeux fermés, je pourrais encore vous dessiner les plaies, les ombres qui couvraient ses mains.

Ces cicatrices mal refermées étaient autant d'histoires, ces tâches et ces rides aussi.

Je me rappelle de l'ambre de sa teinte, surtout au soir venu, de ses débuts et de ses fins comme autour des yeux et de ses lèvres où la commissure profitait du relief de son sourrire.

Enfant je passai de longs instants silencieux, à scruter sa main ouverte, à en lire les traits de mes propres doigts. Les siens ne se tendaient déjà plus mais ils restaient forts, je me demandai combien de fois sa large paume avait été serrée dans son poing, le vrai courage d'un homme, me disait il.

Avec le temps ses mots se sont fait encore plus rares, et si son sourire restait le même, ses yeux ne brillaient plus, je retrouvai sa main qui cherchait cette fois la mienne, je sentai son pouce se poser au creux de ma paume et glisser doucement pour y lire d'invisibles peines.

Ma main ne sera pas la sienne, elle oubliera les histoires de ma vie, mes tourments seront bien là, j'espère juste qu'un autre saura les lire, et ainsi en alleger le poid.