20 janvier, 2008

ne sauvez pas ma peau


Je me souviens encore de la rugueur de sa peau.

Les yeux fermés, je pourrais encore vous dessiner les plaies, les ombres qui couvraient ses mains.

Ces cicatrices mal refermées étaient autant d'histoires, ces tâches et ces rides aussi.

Je me rappelle de l'ambre de sa teinte, surtout au soir venu, de ses débuts et de ses fins comme autour des yeux et de ses lèvres où la commissure profitait du relief de son sourrire.

Enfant je passai de longs instants silencieux, à scruter sa main ouverte, à en lire les traits de mes propres doigts. Les siens ne se tendaient déjà plus mais ils restaient forts, je me demandai combien de fois sa large paume avait été serrée dans son poing, le vrai courage d'un homme, me disait il.

Avec le temps ses mots se sont fait encore plus rares, et si son sourire restait le même, ses yeux ne brillaient plus, je retrouvai sa main qui cherchait cette fois la mienne, je sentai son pouce se poser au creux de ma paume et glisser doucement pour y lire d'invisibles peines.

Ma main ne sera pas la sienne, elle oubliera les histoires de ma vie, mes tourments seront bien là, j'espère juste qu'un autre saura les lire, et ainsi en alleger le poid.

4 commentaires:

Elvire a dit…

C'est mieux que chez moi parce que ça fait sens. Il y a toute e doux-amer de la mémoire dans ce portrait de peau ;-)

oyez a dit…

Merci Elvire, j'adore la mémoire, et sa selectivite affective.

Malhaut a dit…

Une parole lente et sincère qui tient au coeur

Anonyme a dit…

Good words.