10 octobre, 2007

mauvais casting


Ca n'était pas ici ni à cette époque que je devais vivre.
Je ne rève que d'espace, de terre, de soleil, de vent sur ma peau et de silence.
Je n'ai que votre air vicié, votre ciel gris et votre infernal bruit.
Mes mains sont sales de je ne sais quoi,
alors que la terre devait les écorcher vos outils me les lacèrent.
Vos usines emplissent mes poumons de noirs poussières, et mon esprit d'un chagrin monotone.

Ici chaque jour je coupe, je perce, je taille, je boulonne, je refais, je contrôle
des dizaines, des centaines de fois, je range et je nettoie,
maigre et vain rouage que je suis...
ailleurs j'aurai labouré, semé et récolté
ces fruits qui vous auraient nourris.

Vous voudriez que je ne rêve que d'avoirs
où je n'aime que l'espoir,
que mon temps soit compté, court et rare
alors que j'aime rien tant que de le perdre.

Pas ici, pas maintenant
mais ailleurs, sûrement, trop loin pour que vous compreniez
alors ce petit sourrire, ce n'est pas une moquerie
mais juste un rêve de voyage

3 commentaires:

Elvire a dit…

ça fait deux textes percutants ou je me dis que si l'homme à l'usine n'est pas à sa juste place, l'homme qui tient le crayon (de bois) par contre a bien trouvé la sienne : conteur. Porteur de mémoire. Pour ne pas que les traces s'effacent.

Malhaut a dit…

"alors que j'aime rien tant que de le perdre" : les mots sonnent aussi simplement que tombent les pétales des roses.

Elvire a dit…

Bon, tu te lances ou bien ? la peau version douce, maintenant que j'ai écrit la version noire, ce serait bien. Une peau saine, quoi.