17 février, 2009

En vrac

Encore une fois la neige avait tout recouvert,
Pas une semaine sans flocons, et le blanc ne disparaissait plus des champs.
Le ciel, invariablement bleu chaque matin renforçait encore la netteté du contraste,
du coup les visage se pinçaient de froid et les mains comme les oreilles rougissaient.
J'adore la neige, je ne crains pas le froid, mais l'enthousiasme de la nouveauté s'était terni.

Inévitablement en l'écoutant, je m'efforçai de fuir en pensant à autre chose
machinalement la neige m'est revenue en tête, comme un refuge.
Elle déversait devant moi sa vie, son histoire complète, ses échecs, forcément, ses échecs.
Je n'avais pas de solutions à ça, c'est à peine si j'arrivai à parler, elle n'est pourtant pas débordante.

Je regarde ses mains, je ne sais pas pourquoi mais j'ai toujours trouvé qu'elles sont éloquentes, le froid n'est pas la seule agression qu'elles subissent : les plaies s'y bousculent.
Son visage est incroyable, la peau semble épuisée à retenir toute cette peine, les yeux se plissent et ne cachent rien de sa détresse, j'ai eu du mal a maîtriser mon regard.
Je cherche une zone indemne, un endroit plus beau, rien...

Alors je baisse les armes, non elle ne veut plus d'emploi, non elle ne veut plus d'aide, non elle n'y arrive pas, non elle sait que ma solution n'est pas son urgence, juste un tremplin pour le vide. Ses enfants sont grands et ailleurs, elle ne leur demandera rien, elle finira seule parce qu'elle n'a plus la force d'autre chose, et moi je peux faire ce que je veux, son choix est fait, sa responsabilité est prise.
Elle va tout sortir, je n'aurai pas que ma part, elle sait que je ne peux pas tout entendre, elle s'en fiche bien : je suis le dernier à lui ouvrir une porte et elle compte en profiter, "pour qu'on sache"
Et moi je n'arrive pas à fuir... à la fin je l'ai raccompagné, lui ai ouvert la porte, l'heure était tardive, en serrant sa main, j'ai fixé son regard terne, j'ai appuyé le mien, son merci avait un autre ton, sans que je comprenne. Je suis resté là dans l'obscurité un bon moment, les épaules trop lourdes.
et demain ?

16 décembre, 2008

kilomètres d'automne


l'autoroute était fermée, j'ai pesté, j'étais pressé et me voilà sur cette nationale aux allures de vicinales...
Cahincaha j'avance : des trous, des bosses, des virages... Je dois être perdu
des courbes, des reliefs doux et les couleurs arrivent enfin : l'orange, le jaune et le rouge bataille au vert et au bleu,... Je commence à ralentir de toutes façons je suis déjà en retard.
Sans trop m'en rendre compte le décor prend le dessus, je suis surpris à chaque virage par la douceur des lieux par ces portail au bord de la route autrefois majestueux et aujourd'hui rongés par la rouille, par ces stèles posées en haut des piliers, abritant un chemin couvert de gravier et ornés de cyprès. Je ne peine pas à imaginer la splendeur passée des lieux ni de la demeure encore cachée. Plus loin cette colline rayée de champs colorés et surmontée de l'inévitable allée de pins.
Miracle de l'avion : il y a 3 heures encore, un vent glacial giflait mon visage et là je sens le soleil chauffer doucement mes joues à travers la vitre, je commence à siffler un petit air déjà oublié, et là au détour d'un virage je reste ébahi par cette villa romaine d'un autre temps et ses remparts crénelés...
Combien de richesses ici ? jamais trop mais les ont ils cachés ou les a t on oubliées ?

13 octobre, 2008

de trop

à trop penser que demain était acquis, je n'ai pas apprécier aujourd'hui
à trop croire que c'était pour les autres, je n'ai pas prévu
à trop te voir ainsi aujourd'hui, la boule ne s'échappe pas

j'ai besoin de paroles magiques, pour toi, pour les autres et moi aussi.
je n'en trouve plus.

23 septembre, 2008

Maladie

Je lis ta vie désormais en pointillée,
tes absences s'ajoutent entre elles, ton souffle incertain les rythme.
Je te vois faiblir, l'éclat de tes yeux se ternir un peu plus 
chaque jour.
Ta main ne serre plus la mienne avec constance, ta voix chevrottante balbutie un discours devenu un méandre de mots comme si tu suivais mille chemins à la fois, sans en terminer un. 
Ton pas vacille, ta tète se voûte et tes everest quotidiens t'éssoufflent toujours un peu plus.

Où cela a t il commencer ?
Qu'est ce qui, lentement, t'a fait décrocher de la ligne sereine 
qui était la tienne ?
et pourquoi n'ai je rien vu, et pourquoi, spectateur impuissant, 
n'ai je que mes yeux pour ma désolation ?

Le souvenir de ta  vie dure te revient parfois, tu l'as surmontée, 
tu en avais la force.
Tu as traîné ta peine, un peu celle des autres aussi, 
menant ta barque au mieux.
Je crois que tu sais tout cela, et les larmes qui coulent 
le long de tes joues 
sont autant de lames qui lacèrent ta fierté. 

Sois sans crainte, ton souvenir est intacte, 
nous effacerons rapidement ces images 
pour ne garder que le meilleur, 
car le coeur n'est pas un juge.

31 juillet, 2008

cavalletta


Vas y....
court, saute, bondi dans le couchant,
les épis t'accueillent bien volontiers
qu'y trouves tu ?

Légère, souple, gracieuse, et sans bruit,
c'est des yeux que je suis tes bonds pour deviner ton prochain arrêt
pas de chance... c'est encore loupé !

Demain ton terrain de jeu disparaîtra
parce que c'est dans l'ordre des choses.
J'irai plus loin, peut être y seras tu aussi, fuyant la moisson...

Sinon j'attendrais les grillons, à moins que l'orage ne les chasse
et pour la pluie, il me restera l'abri.
Et si les autres fuient les gouttes et se rapprochent de moi,
je ne bouderais pas mon plaisir...

27 mai, 2008

ardeur fragile


C'était ailleurs et en d'autres temps,
la brume se levait toujours avant nous.
Nous ne sentions même pas la pluie,
c'est à peine si nos souliers mouillés nous la rappelait.
La rare peine s'échappait bien vite dans le regard de l'autre
tu disais on, je disais nous, l'horizon ne croisait pas un nuage...

Et là qu'en reste t il ?
le rouge s'est fané, l'éclat terni, la musique s'est faite bruit...
Et si je retrouve encore ton sourire et et la lumière de tes yeux
quand tu parlais de demain, ça n'est que dans mon souvenir

Le temps a fait son œuvre, l'énergie s'est muée en mur,
et je n'ai pas su passer du bon côté.
Je ne vois que la façade sans plus deviner le sentiment.
ma main ne t'a pourtant pas lachée, c'est juste si son emprise est moins sure

Il me reste à revenir, à trouver ce chemin, ce croisement qui nous a séparé
pour moi, pour eux, pour toi je ne peux pas faillir
Demain ne sera pas cet autre hier, mais portera ses promesses,
à nouveau...

31 janvier, 2008

Les Pins

Je n'ai pas pris de photo pourtant l'image est bien nette dans mon esprit.
la façade est défraîchie, les volets en bois sont délavés, l'equerrage en est devenu aléatoire.
La maison est vide depuis longtemps, la nature à combler le vide qu'elle a pu, le lière à galopé sur les murs et les marches, l'herbe a rempli les espaces séparant les dalles de la cour, la rouille a peint les barreaux au dessus du mur recouvert de mousse et pourtant je reste sur ce banc à l'observer.
Je suis déjà venu ici, j'avais oublié mais je me souviens désormais du vent froid qui fouette à nouveau ma joue droite et du soleil qui réchauffe sa voisine, forcément mes yeux pleurent un peu et mon esprit divague encore à imaginer ceux qui vivaient là. Il y avait surement des enfants au fond du jardin pour honorer cette balancoire donc les bras ne bercent plus que le vent, au sol il reste quelques cases d'une marelle bien usée, les troncs d'arbre portent des stigmates de leurs messages d'adolescent....
Viennent ils encore ici pour se rappeler ceux qui ont été ? peut être suis je le seul à porter cette mémoire qui n'est pas la mienne mais en tendant l'oreille, je jurerais d'entendre leurs cris sous le regard de leurs aînes, les bras posés sur le rebord de la fenètre et l'air serein, occupés à apprécier ce moment.
Dans le jardin je n'ai pas vu de pin...encore des rêveurs... à trop vouloir y croire, j'espère juste qu'ils n'ont pas oubliés d'être.