31 mai, 2006

Echappatoire

Certains fuient, apeurés par le chaos
d'autres se battent avec l'energie et la certitude de la défaite
d'autres encore restent, spectateurs du triste spectacle.

Pas de traîtres, tous auront agit, à leur manière
si nous en sommes étonnés,
c'est que nous nous sommes trompés.

En tous cas, grain après grain
l'inexorable avance
sans qu'on y pense

Des lendemains qui chantent ?
oui pour certains,
un amer futur pour d'autres.

Quel regret que cette inconsience,
quel nostalgie que cette insouciance.
Le combat ne se termine pas

ce sont les combattants qui tombent

30 mai, 2006

Chemins



Il va délaisser un jour ma main qu'il serre si fort aujourd'hui,
ses larmes sècheront sans mes mots,
son coeur vivra d'autres ailleurs,
Au fur et à mesure que le temps passera
le mien se réduira.

Déjà aujourd'hui, il apprend d'autres, de nouveaux mots,
des gestes, des phrases que je n'ai pas su lui donner.
Ses rèveries s'échappent de nos vies
son univers se batit chaque jour.
Bientôt, trot tôt sans doute, il s'éloignera,
et si nous sommes aujourd'hui ses guides
nous ne serons alors que son recours

24 mai, 2006

Je la connaissai depuis quelques temps
J'avais vu sa superbe lentement s'éffriter,
la mine décliner, le tein s'assombrir, les traits de la peau se marquer,
le soin de soi s'estomper aussi à mesure que l'estime s'étiolait
Il fallait la voir les premiers jours, pleine d'assurance, de bravaches,
la voix posée et sùre, les propos clairs et rapides, toute l'aide du monde n'était pas pour elle, forcément.
et pourtant..
Je ne sais ce qui fait le plus mal, la voir ainsi, ou comprendre que c'était inévitable.
Elle se cache, fuit les regards, vous apostrophe pour un rien pour comme si harenguer lui permettait de se discupler.
Cela n'était pourtant que trop évident, sa souffrance voyageait à ses côtés, sur ses épaules.
Et là elle n'en pouvait plus, un regard appuyé une question répétée "ça va ?" et elle s'était éffondrée
là, devant moi, une larme d'abord, un sanglot vainement étouffé et la digue à rompu, la misère s'est répandue :
détresse, rancoeur et colère tout se mélangeait à sa honte de ne plus être ce qu'elle avait cru inaltérable.
Je ne sais pas trop si elle m'entendait, je sais juste que j'éssayai de rendre l'angle de sa chute moins saillant.
La tête dans ses mains, le regard baissé, elle ramassa ensuite ses petites affaires, ferma son manteau et s'en alla
mes quelques mots n'avaient pas suffit, peut-être demain la soulageraient elle ?
Que cette vie soit autre chose que la plaie de ne pouvoir être un métier,
mais qu'elle comprenne que vivre n'est pas que travailler

20 mai, 2006

Masure


Le bief amenait toujours son eau à la roue,
ses dents, une à une, avaient cédé.
L'arbre dans la cour accueillait encore une des cordes de la balançoire,
contre le mur, une chaise avait été recouverte d'herbes revendicatrices.
Le soleil continuait de chauffer les pierres,
On entendait le vent souffler, l'air vous grisait de toute sa force

Pleine d'espoir la porte s'ouvrait sans mal,
Les lattes du plancher se séparaient et se rejoignaient sans cesse.
Certaines étaient bombées, d'autres creusées, la patine et la rayure les recouvraient.
Le noir de l'âtre avait débordé sur le mur, et le plafond ou les fissures se multipliaient,
les araignées avaient tissée leurs toiles, ça et là des pousses vertes avaient emergées.

Les volets grinçaient et s'ouvraient aussi mal que les fenêtres, des portent restaient bloquées.
Le toit recouvert de mousse, se voûtait sous la charge du temps, il laissait perler la pluie à l'intérieur.
La lumière semblaient absente depuis des siècles, pourtant...
en fermant les yeux on voyait bien,
en respirant calmement on entendait aussi,

Ces courses d'enfants, ces rires, ces cris, ces espoirs, ces pleurs, et ses ébats... toutes ces vie, ici abritées.
On y sentait les roses posées sur le rebords de la fenêtre, au dessus de l'évier
Le romarin, le thym vous ravissaient toujours les narines
et ce fumet au dessus du rôti cerné de pommes de terres dorées : inégalable...
Puis la vie s'était déplacée à la recherche d'un ailleurs meilleur, la maison était restée,
d'abord pour les vacances et puis plus rien. Avaient ils trouvé ce Meilleur ?

Les temps avaient changé, il fallait bien que le décor de la vie le fasse aussi
Celui-ci n'était plus le standard et pourtant....
on y aurait bien partagé encore un peu de bonheur

08 mai, 2006

Un autre Belge qui écrit bien...

J'ai vu "peindre ou faire l'amour" ce week end
avec cette chanson dans la BO
il nous manquera beaucoup de sentiments car le son n'est pas là
mais "c'est déjà ça"...

Ils parlent de la mort
Comme tu parles d'un fruit
Ils regardent la mer
Comme tu regardes un puit
Les femmes sont lascives
Au soleil redouté
Et s'il n'y a pas d'hiver
Cela n'est pas l'été
La pluie est traversière
Elle bat de grain en grain
Quelques vieux chevaux blancs
Qui fredonnent Gauguin
Et par manque de brise
Le temps s'immobilise
Aux Marquises

Du soir montent des feux
Et des pointes de silence
Qui vont s'élargissant
Et la lune s'avance
Et la mer se déchire
Infiniment brisée
Par des rochers qui prirent
Des prénoms affolés
Et puis plus loin des chiens
Des chants de repentance
Des quelques pas de deux
Et quelques pas de danse
Et la nuit est soumise
Et l'alizé se brise
Aux Marquises

Le rire est dans le cœur
Le mot dans le regard
Le cœur est voyageur
L'avenir est au hasard
Et passent des cocotiers
Qui écrivent des chants d'amour
Que les sœurs d'alentour
Ignorent d'ignorer
Les pirogues s'en vont
Les pirogues s'en viennent
Et mes souvenirs deviennent
Ce que les vieux en font
Veux tu que je dise
Gémir n'est pas de mise
Aux Marquises

02 mai, 2006

Calabre


Je voulais vous dires ces après midi, interminables
ce soleil qui écrasait tout, des ruelles aux places,
aussi fort qu'il en éffaçait jusqu'au plus vif des contrastes
et ce temps, interminable, intact, inaltérable.

Vous parler aussi de ces horloges et pendules qui n'avançaient plus,
de cet ennui, certain ce jour comme son lendemain.
Je passai mes après midi à ne rien faire, respirer devenait si dur...
à peine un mouvement de la tête pour guetter quelque malheureux
travaillant pendant ces heures interdites à la vie.

Et enfin 16 heures, doucement d'abord, puis avec l'assurance d'une marée,
le bruit revenait, l'inanimé reprenanait son mouvement.
Les passant revenaient, reprenant la ville au soleil, les terasses riaient, criaient comme si cela ne devait jamais s'arreter, comme hier et demain...

Rituel aussi que celui de cet épicier dont les prix s'éffondraient à mesure que la journée s'étiolait
et ces gamins riant, heureux d'avoir pour de malheureuses centaines de lires obtenus quatre énormes pastèques...
hélas, triple hélas, le village n'est que montées, et les pastèques sont trop rondes pour s'arreter !
Une, puis deux trois et quatre, elles s'échappent toutes pour finir contre un porche ou un mur !

S'envolent alors les promesses de festins en même temps que montent les cris du grand père
Je ne savais pas encore que tout l'or du monde ne vaut pas la moitié de ce souvenir